Comprendre les principes de base de l’alimentation du maïs fourrager non-fermenté

Comprendre les principes de base de l’alimentation du maïs fourrager non-fermenté.

La demande en lait a augmenté de façon considérable au cours des derniers mois.

Suite à l’augmentation tant attendue du prix du lait aux États-Unis et à l’octroi de jours de quotas supplémentaires par le Conseil Canadien du Lait afin d’éviter toute pénurie potentielle. Dans ces deux pays, plusieurs producteurs laitiers ont commencé à augmenter leur cheptel afin de répondre à la demande.

Dans la plupart des régions des États-Unis et du Canada, le printemps a été marqué par des températures froides et de fortes pluies, empêchant les producteurs de se rendre dans leurs champs pour commencer à semer. Par conséquent, la majeure partie du maïs pour l’ensilage sera récoltée plus tard à l’automne, alors que les inventaires d’ensilage de maïs de l’année dernière sont faibles. Avec l’augmentation du nombre de vaches dans le troupeau, la plupart des producteurs n’auront d’autre choix que de nourrir leurs vaches avec du maïs fourrager fraîchement coupé pour compléter les besoins en fourrage, tout en minimisant les coûts de production.

Le maïs fourrager fraîchement coupé est le produit de la récolte du plant de maïs servi rapidement, au lieu de passer par le processus d’ensilage. Une fermentation d’une durée minimum de 2 à 3 semaines est requise avec des conditions d’humidité idéale (65 à 68%) pour que les bactéries transforment les sucres en acide lactique et autres acides afin de réduire le pH de l’ensilage pour en améliorer sa conservation et qualité. Comprendre la chimie et la cinétique des éléments nutritifs présents dans le maïs fourrager frais est la première étape pour éviter tout impact négatif sur la production laitière, la santé animale et les performances de reproduction.

Meilleur cycle de processus d'ensilage

Une analyse de routine du maïs fourrager récolté à un stade immature va démontrer des taux d’humidité plus élevés (70 à 80%) par rapport à un ensilage de maïs mature et bien fermenté avec un taux d’humidité de l’ordre de 65 à 68%. De plus, les taux de sucres seront remarquablement plus élevés (3 à 5%) tandis que les protéines solubles et l’amidon digestible dans le rumen seront très bas.

Comment éviter
les troubles digestifs

Les nutritionnistes et consultants en production laitière reconnaissent qu’une consommation de maïs fourrager frais équivalente à celle d’un ensilage de maïs bien fermenté résultera en des troubles au niveau du rumen. Les bactéries du rumen vont fermenter les sucres entraînant ainsi une acidose soit, une augmentation de la production d’acide lactique et une diminution du pH ruminal. 

Le premier symptôme observé sera de constater une perte de consistance du fumier. Après trois ou quatre jours de consommation de ce maïs fourrager frais à une quantité au-dessus de 20 kg (sur base telle que servie), plus de 60% des vaches pourraient avoir un fumier plus liquide. Si les quantités servies ne sont pas ajustées, les vaches présenteront des signes cliniques d’acidose ruminale, tels que : diarrhée avec condition corporelle médiocre, perte de poids, léthargie et baisse de consommation. Le niveau élevé d’hydrates de carbone hautement fermentescibles (tels que les sucres) sera reconnu comme le principal responsable de ce trouble digestif.

Le faible taux de protéines solubles contenues dans le maïs fourrager frais va compromettre également l’apport en azote fourni directement aux microbes du rumen. Cette diminution importante de la protéine microbienne va par conséquent entraîner un apport réduit en acides aminés essentiels tels que la lysine et la méthionine disponibles dans le petit intestin. Une bonne stratégie d’alimentation serait de compenser le manque en acides aminés essentiels en ajoutant à la ration de la lysine et de la méthionine protégées de la dégradation ruminale.

Le faible taux d’amidon digestible du maïs fourrager frais va fournir moins d’énergie disponible comparativement à un ensilage de maïs bien fermenté. Il faudra supplémenter la ration avec du gras by-pass du rumen afin d’augmenter l’énergie de la ration à base de maïs fourrager frais.

Synthèse
ruminale
apparente*

Des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et de l’Université de l’État du Michigan ont découvert que la synthèse ruminale apparente de la riboflavine, des folates et de la vitamine B12 était fortement corrélée aux quantités d’amidon digestibles et de fibres (NDF) dans la ration.

Comment pouvons-nous vous aider.

Les animaux nourris au maïs fourrager frais pourraient présenter une déficience marginale de ces vitamines B, coenzymes essentiels dans plusieurs voies métaboliques chez la vache laitière. Étant donné que la plupart des vitamines B peuvent être dégradées dans le rumen, une supplémentation en vitamines B protégées de la dégradation ruminale pourrait éviter toute carence chez les vaches consommant ce maïs fourrager frais.

Une autre stratégie serait d’augmenter la hauteur du hachoir à 8 pouces pour réduire la quantité de nitrate présente dans le maïs haché frais, en particulier s'il a subi un stress dû à la sécheresse ou à la chaleur.

À noter, si vous servez ce maïs fourrager frais, le distribuer aux vaches immédiatement après la récolte et ne donner seulement la quantité que les vaches mangeront en deux heures. Si ce maïs fourrager n’est pas tout consommé, il peut chauffer rapidement et le contenu en nitrates sera converti en nitrites, ce qui est très toxique pour les vaches. Une autre stratégie serait d’augmenter la hauteur du hachoir à 8 pouces pour réduire la quantité de nitrate présente dans le maïs haché frais, en particulier s’il a subi un stress dû à la sécheresse ou à la chaleur.

Le maïs fourrager fraîchement coupé peut être utilisé pour compléter les besoins en fourrage en période de faible inventaire d’ensilages, cependant, une attention particulière est nécessaire à la formulation des rations de lactation afin de prévenir les problèmes de santé et de production.

Voici quelques conseils à retenir lorsque vous avez à servir du maïs fourrager fraîchement coupé :

01

Surveiller de près la consistance du fumier et surveillez les autres signes qui pourraient interférer au bon fonctionnement du rumen ;

02

Corriger le manque d'énergie dans la ration avec l’apport de gras bypass du rumen;

03

Supplémenter un mélange de vitamines B protégées de la dégradation ruminale afin de prévenir une carence de ces vitamines B;

04

Équilibrer correctement l’apport en acides aminés avec de la méthionine et de la lysine protégées de la dégradation ruminale, pour pallier au faible taux de protéines métabolisables de la ration résultant d’une alimentation fourragère pauvre en protéines solubles.

Veuillez contacter votre représentant(e) laitier Jefo, qui pourra vous aider à faire face à ces défis.